Gaspillage de médicaments : comment le limiter ?

Gaspillage de produits de santé en France : Où en est-on ?

En France en 2018, une étude de l’OCDE estimait que « 17 600 tonnes de médicaments non utilisés ou périmés » avaient été gaspillées. Les produits pharmaceutiques jetés étant principalement des gélules, des crèmes et des cachets.

Pour lutter contre ce phénomène, le gouvernement a mis au point la loi AGED (Anti-Gaspillage et Économie Circulaire) qui a donné aux pharmacies la possibilité à compter du 1er janvier 2022 de dispenser des médicaments à l’unité pour réduire et limiter les pertes.

Un phénomène qui a permis de faire avancer les choses, mais pas de manière significative. Le dispositif peine encore à convaincre la majorité des français. D’autre part, de nouvelles mesures ont été mises en place. Parmi elles, le MNU (Médicaments Non Utilisés à usage humain), mené par le Cyclamed se voit progresser d’année en année. À titre d’information, le Cyclamed est un organisme agréé par les pouvoirs publics qui dirige le programme national de tri et de valorisation des MNU.

Toutefois, toujours selon le Cyclamed (étude de Mars 2022), 46% des produits de parapharmacie sont toujours jetés à la poubelle au sein des foyers et 50% seulement sont ramené à l’officine en pharmacie.

En 2023, le gaspillage de produits pharmaceutiques reste encore une problématique centrale au sein du système de santé français. Malgré les efforts déployés par les particuliers et les professionnels de santé, le nombre de produits de santé gaspillés est toujours conséquent.

Quelles sont les causes les plus courantes de ce gaspillage ?

Les causes du gaspillage de ressources sanitaires comme les médicaments peuvent être multiples et variées. Parmi les plus courantes, on retrouvera notamment le non-respect des dates de péremption et la sur prescription de médicaments par rapport aux besoins réels du patient.

Mais les pertes de produits de santé peuvent être aussi causées par d’autres phénomènes comme :

• Une mauvaise conservation des conditions de stockage des médicaments
• Un abandon trop tôt des traitements
• Une surconsommation des médicaments sans ordonnance qui entraîne un stockage en masse dans les foyers puis dans les poubelles
• Un manque d’informations et de communication entre professionnels de santé et patients notamment sur les retours des médicaments en pharmacie

Finalement, en y regardant plus près, on peut facilement se rendre compte que le gaspillage de médicaments n’est pas causé par un phénomène en particulier. Il est le résultat de plusieurs facteurs à prendre en compte et qui nécessite les efforts collectifs des professionnels comme des particulier.

Gaspillage des médicaments : quels impacts ?

Au niveau environnemental, le recyclage des médicaments est impératif pour préserver les ressources. Lorsque les médicaments sont jetés dans l’eau des toilettes par exemple ou dans un évier, cela peut altérer les systèmes aquatiques et notamment les stations d’épuration. D’autre part, les médicaments jetés directement avec les déchets ménagers peuvent aussi entraîner la formation de contaminants pharmaceutiques dangereux lorsqu’ils sont ensuite redirigés vers des centres d’enfouissement des déchets.

Au niveau économique, le gaspillage entraîne évidemment des pertes financières que les coûts soient liés aux coûts des médicaments jetés ou gaspillés ou qu’ils soient liés au système de santé.

Par ailleurs, gaspiller des médicaments relève également d’un aspect sociétal et éthique puisque certaines personnes n’ont pas accès à ces dispositifs médicaux essentiels. Préserver des ressources de santé vitales telles que des médicaments relève donc d’enjeux sociaux et sanitaires.

Les bons gestes à adopter pour les particuliers

Selon une l’étude de l’institut BVA menée en 2021, 86% des français déposent leurs médicaments non utilisés (MNU) à leur pharmacien. Selon le gouvernement, c’est plus de « 14 000 tonnes de MNU qui sont collectés dans le réseau des 22 500 pharmacies ». Comme nous le montre ces chiffres, la prise de conscience du gaspillage de médicament commence déjà à prendre du terrain. 

Cependant, malgré une implication plus importante, les particuliers doivent continuer à maintenir leurs efforts et à adopter de bonnes pratiques au quotidien telles que :

• Acheter en cas de besoin pour ne pas stocker des médicaments de manière excessive
• Vérifier les dates de péremption
• Ramener les médicaments non utilisés auprès de son pharmacien
• Ne pas jeter les médicaments dans des endroits inappropriés
• Éviter de couper un traitement prématurément (sauf si indications du médecin) et suivre les prescriptions médicales à la lettre
• Recycler correctement les emballages

Réduire le gaspillage de médicaments dans les établissements de santé 

Les professionnels de santé ont eux aussi un rôle à jouer pour limiter le phénomène. Un rôle tout d’abord éducatif visant à sensibiliser les patients à la préservation de ces ressources médicales et à leur communiquer les différentes options qui s’offrent à eux comme le MNU en pharmacie.

Par ailleurs, le gaspillage de médicaments pouvant être dû à une rupture de la chaîne du froid, il est important pour les professionnels de bénéficier d’un système de suivi de température fiable. En favorisant l’IOT, la réception de data en temps réel avec des alertes de dépassement de température peut contribuer :

• à fiabiliser la chaîne du froid des produits de santé
• à limiter les pertes

Au-delà de ça, d’autres bonnes pratiques peuvent être mises en avant pour limiter les pertes et le gaspillage comme :

• L’utilisation de solutions IOT pour automatiser la traçabilité pharmaceutique des médicaments
• Prescrire uniquement les médicaments nécessaires aux besoins réels et éviter la surprescription
• Passer en revue régulièrement les médicaments prescrits pour s’assurer qu’ils sont toujours nécessaires au patient