Comment sécuriser le circuit du médicament en établissement de santé ? 

Circuit du médicament : de quoi parle-t-on ?

Le terme « circuit du médicament » en établissement de santé regroupe les différentes étapes du cycle de vie des médicaments, de leur prescription au suivi de leurs effets et à leur réévaluation.

Conçu pour garantir la sécurité des patients, celui-ci est décomposé en 2 parties :

• Le circuit clinique qui se concentre sur la prise en charge médicamenteuse et le suivi des patients.
• Le circuit logistique, lui, englobe la partie approvisionnement et distribution des produits médicamenteux.

Dans le cadre de cet article, nous nous concentrerons sur le circuit clinique.

Les objectifs et enjeux du circuit clinique du médicament

Suite à une croissance des erreurs médicamenteuses, le gouvernement a mis en application l’arrêté du 6 Avril 2011 « relatif au management de la qualité de la prise en charge médicamenteuse et aux médicaments dans les établissements de santé« .

Selon ce texte réglementaire, sa mise en place a pour objectif  » l’utilisation sécurisée, appropriée et efficiente du médicament chez le patient pris en charge par un établissement de santé. »

A travers son application, les enjeux sont multiples :

• Garantir la sécurité des patients en limitant les erreurs médicamenteuses (surdosage, associations médicamenteuses dangereuses, surveillance et suivi des effets indésirables…)
• Assurer et suivre l’efficacité des traitements et leur adéquation avec les symptômes des patients malades pour garantir la qualité des traitements
• Améliorer la traçabilité et la transparence des médicaments à chaque étape du circuit
• Eviter le gaspillage de produits à haute valeur sanitaire grâce à une meilleure gestion des stocks
• Poser un cadre réglementaire commun pour les différents acteurs en charge de la sécurité des médicaments

Prescription

La sécurisation du circuit du médicament commence dès sa première étape : la prescription.

La prescription est une recommandation écrite (médicaments, analyses et examens complémentaires, arrêt maladie….) émise par un professionnel de santé (médecin) suite à un examen approfondi pour traiter la maladie d’un patient.

Pour encadrer cette étape, le Code de la Santé Publique prévoit dans son article 5132-3 que cette prescription doit inclure a minima :

• La date de la prescription
• Des informations sur le traitement : dénomination, posologie, mode d’emploi, durée
• Des informations précises sur le prescripteur : Nom, prénom, qualité/titre (en cas échéant), adresse professionnelle avec la mention « France », coordonnées téléphoniques, email et signature manuscrite
• Les informations du patient : Prénom, nom, âge, sexe

Tout l’enjeu de la prescription pour le personnel soignant dans le processus du circuit du médicament, repose sur le fait de délivrer :

• Une prescription claire, écrite et adaptée pour un bon usage des médicaments pour éviter les retranscriptions approximatives et prescription orales
• De réévaluer le traitement par la suite en cas de besoin pour l’adapter en fonction des évolutions de l’état de santé du patient et de ses symptômes

Dispensation

La seconde étape du circuit ne se concentre pas seulement sur le fait de délivrer les médicaments au patient. Elle repose en réalité sur 4 piliers cruciaux :

• L’analyse pharmaceutique de l’ordonnance médicale (conformité de la prescription et identification des associations médicamenteuses potentiellement dangereuses ou surdosage)
• Si nécessaire, la préparation des doses à administrer
• La mise à disposition des informations nécessaires et conseils pour le bon usage du/des médicament(s) délivré(s)

Cette phase du circuit est particulièrement importante car elle constitue le second point d’entrée des erreurs médicamenteuses.

Administration

Comme son nom l’indique, cette étape vise à administrer le traitement défini par l’ordonnance prescrite au patient. Elle constitue un élément crucial du circuit pour les patients comme pour les soignants car c’est à cette l’étape que survient le plus d’erreurs médicamenteuses.

Concrètement, elle est décomposée en plusieurs sous-étapes succinctes :

• Prendre en compte la prescription médicale et réaliser sa préparation
• Vérifier l’identité du patient et l’adéquation des produits à délivrer compte tenu de son état de santé
• Administrer le traitement au patient et enregistrer l’acte d’administration
• Le suivi régulier du patient

Pour accompagner les personnels soignants dans ce processus, la HAS (Haute Autorité de Santé) a établi une règle simple : La règle des 5B. Celle-ci est en fait un moyen mnémotechnique permettant au personnel hospitalier  de répondre aux enjeux de l’acte de l’administration :

• le Bon médicament,
• au Bon patient,
• à la Bonne dose,
• avec la Bonne voie d’administration,
• le tout, au Bon moment.

Suivi et réévaluation

Enfin, la dernière étape du circuit est caractérisé par le suivi et la réévaluation du traitement administré. Pour assurer la sécurité du patient, le professionnel responsable doit suivre et si besoin réévaluer le traitement du malade pour :

• vérifier son bon fonctionnement et surveiller de près les potentiels effets secondaires et indésirables,
• contrôler l’état de santé global du patient et assurer sa traçabilité.

Au-delà des étapes à suivre, certaines mesures permettent d’agir en complément pour assurer la sécurité du patient tout au long processus. Découvrons cela ensemble dans cette dernière partie !

Les outils digitaux au service du circuit des médicaments

La digitalisation dans le domaine de la santé est une véritable révolution pour les professionnels. Parmi les différents outils déjà existants pour les établissements de santé, certains peuvent venir compléter les différentes mesures déjà prises lors des étapes du circuit.

Par exemple, les logiciels médico-sociaux permettent de digitaliser les dossiers des patients. Un véritable gain en efficacité et en sécurité pour les professionnels car cela facilite et fluidifie grandement le partage d’information pour maintenir un suivi continu et approprié du patient.

D’autres logiciels, permettent quant à eux de mieux gérer les stocks ou de suivre la température de stockage des médicaments en temps réel.

Aussi, pour limiter les risques associés aux erreurs médicamenteuses, des logiciels d’alertes ont été développés ces dernières années.

Ils permettent notamment aux professionnels de récupérer les informations de la délivrance grâce à l’introduction de la carte vitale et de vérifier en un coup d’oeil l’adéquation d’un médicament prescrit et de la posologie recommandée avec le profil médical du patient.

Haute Autorité de Santé (HAS) au service de la sécurité du circuit des médicaments

En plus des outils digitaux indépendants, la Haute Autorité de Santé développe en parallèle de nombreuses documentations, guides et outils visant eux aussi à apporter une sécurisation supplémentaire au circuit du médicament.

Pour les consulter, il vous suffit de vous rendre sur leur site web ou en cliquant ici !